Marlene Haushofer - Le mur invisible

Publié le 30 juin 2025 à 18:00

🪞 Résumé bref

Une femme se retrouve inexplicablement enfermée derrière un mur invisible dans un chalet alpin, sans contact avec le reste du monde. Elle survit seule, avec des animaux pour seule compagnie, et consigne son quotidien dans un carnet. Le monde extérieur semble mort ou inaccessible.

 

🧠 AXES D’ANALYSE

🟥 I. Un huis clos naturel et métaphysique

 

Le "mur" est invisible et inexplicable : il n’est ni expliqué scientifiquement, ni présenté comme un fait surnaturel spectaculaire. Il devient une métaphore de la solitude radicale de l’existence.

🔹 Il symbolise la coupure ontologique : entre l’homme et le monde, l’individu et les autres, le moi et l’absolu.

On pense à Camus : la narratrice vit une expérience absurde, privée de sens, mais sans révolte inutile — elle s’adapte, elle vit, elle tient.

🟩 II. Un roman de survie et de dépouillement

 

Le récit raconte le retour à l’essentiel : nourrir ses bêtes, cultiver ses pommes de terre, ramasser du bois. C’est une existence nue, où la technologie et la société sont abolies.

🔹 Le roman devient un manuel de vie dépouillée, proche du Walden de Thoreau, mais sans idéalisation.

La narratrice s’humanise en s’animalisant, développe une relation d’amour profond avec ses animaux, notamment la vache Bella et le chien Lynx, seuls liens affectifs de son monde clos.

🟦 III. Une critique implicite de la société patriarcale et industrielle

 

Le monde qui a disparu était un monde de bruit, de guerre, de domination masculine. L’isolement devient paradoxalement libérateur : elle n’appartient plus à personne, n’obéit plus à personne, ne consomme plus rien.

🔹 Haushofer ne propose pas une utopie, mais une dystopie douce, un monde vide mais habitable, à reconstruire dans la douleur et le silence.

Elle survit sans religion, sans mythe, sans consolation. Mais elle ne renonce pas à vivre.

🟨 IV. Un journal de solitude sans narcissisme

 

Le roman est écrit sous forme de carnet, sans chapitre, sans climax, sans intrigue spectaculaire. Ce style reflète l’uniformité des jours, la lente transformation intérieure.

🔹 Elle écrit pour laisser une trace, pas pour être lue. C’est un acte de résistance muette, un geste d’humanité nue.

La langue est modeste, précise, sans emphase — comme sa vie.