Jules Verne - 20 000 lieues sous les mer - analyse

Publié le 30 juin 2025 à 17:56

🌐 Résumé rapide

Le professeur Aronnax, son domestique Conseil et le harponneur Ned Land sont embarqués à bord d’un mystérieux navire sous-marin, le Nautilus, commandé par le sombre capitaine Nemo. Ils vont parcourir les océans pendant des mois, découvrant les merveilles des fonds marins et les douleurs d’un homme en rupture avec la civilisation.

🧠 AXES D’ANALYSE

 

🟥 I. Un roman d’aventure et d’exploration scientifique

Comme souvent chez Verne, le roman est construit sur une tension entre fiction haletante et encyclopédisme naturaliste.

🔍 À chaque étape du périple, Verne décrit des espèces marines, des phénomènes naturels, des cartes, des données chiffrées, ce qui donne au roman la densité d’un traité scientifique romancé.

Le Nautilus devient un laboratoire mobile, le lieu d’une science vivante, contemplative mais aussi technologique.

🟨 II. Le Nautilus : machine de rêve ou cauchemar moderne ?

Le sous-marin est une merveille d'ingénierie, un vaisseau autonome, autosuffisant, plus avancé que tout ce que connaît le XIXe siècle. Il semble utopique, presque poétique (ses grandes baies vitrées, ses bibliothèques, ses orgues…).

Mais il est aussi enfermement, isolement, instrument de vengeance.

Le Nautilus incarne l’ambiguïté du progrès : merveille technique, mais outil d’exil et de violence.

🟩 III. Nemo : figure romantique et politique

Nemo (latin : personne) est un personnage ténébreux, cultivé, vengeur, proche du héros byronien.

Il a rompu avec l’humanité après un drame personnel (non dévoilé dans ce volume), et agit désormais contre les puissances coloniales et impérialistes, en coulant leurs navires.

Il est à la fois révolutionnaire, humaniste, anti-héros, anachorète scientifique, capitaine pirate… une figure de l’ambivalence.

 

🟦 IV. Une réflexion écologique avant l’heure

Verne peint un monde marin somptueux, fragile, presque sacré. Le texte témoigne d’un amour profond de la nature, et d’une conscience écologique étonnamment moderne.

L’océan devient sanctuaire, source de vie, alternative à la brutalité du monde humain.

Mais cette nature peut aussi être inquiétante, violente, indifférente.

🟪 V. Une tension entre liberté et prison

La mer semble libre, infinie, mouvante ; mais les personnages sont prisonniers du Nautilus, de Nemo, du silence.

Verne joue sur cette tension permanente : le Nautilus est à la fois refuge et prison. On est en pleine utopie inversée.

Même Nemo, qui se dit libre, est esclave de sa haine, captif de ses principes, prisonnier de la mer.

 

 

🧠 1. Métanarativité et nature classée : quand l’expérience devient inventaire

Expérience de la nature comme désir de totalisation scientifique

Dans le roman, le professeur Aronnax observe la nature avec les yeux du naturaliste du XIXe siècle : il veut tout classer, nommer, comprendre. Mais très vite, la nature qu’il découvre s’ouvre sur l’inattendu, le sublime, le mystérieux.

🎯 La narration devient métanarritive : Aronnax ne fait pas qu’observer — il raconte comment il observe, comment il ressent. La nature n’est pas seulement un objet de science, elle devient un objet d’écriture, de mise en récit.

L’expérience de la nature devient ici une mise à l’épreuve des cadres rationnels : le vivant résiste au discours scientifique.

🧩 2. Cryptologie narrative : une nature à déchiffrer, jamais domptée

Expérience de la nature comme énigme existentielle

Le capitaine Nemo, qui vit au plus près des éléments naturels, ne cherche pas à dominer la mer : il cherche à s’y cacher, à lui parler en silence, comme à une confidente obscure. La nature, ici, n’est pas une entité lisible — elle est cryptée, comme le langage même de Nemo.

🎯 L’expérience de la nature devient expérience de l’illisible : on y plonge pour y fuir les hommes, mais on y découvre des mystères que le langage humain ne peut traduire.

La nature est un code que le roman ne cesse de tenter de percer — sans jamais y parvenir pleinement.

⚖️ 3. Biopolitique inversée : vivre dans la nature, en dehors du monde humain

Expérience de la nature comme sortie de la société

Nemo quitte la terre et la société humaine pour vivre au sein de la nature — mais hors de toute régulation politique, sociale, reproductive. C’est une expérience radicale : il choisit de s’effacer en tant qu’homme social, pour vivre comme pur organisme libre, mais isolé.

🎯 Cette fuite dans la nature n’est pas romantique : elle est négative, blessée, vengeresse. Nemo vit dans la nature… mais contre l’humanité.

Ici, l’expérience de la nature devient un geste politique : une forme de refus du monde, de rupture tragique avec les autres.

🐚 4. Écologie spéculative : la nature comme sujet, pas comme décor

Expérience de la nature comme rencontre avec une altérité radicale

Dans Vingt mille lieues, la mer n’est pas une simple scène d’action : elle est un personnage à part entière, avec ses rythmes, ses lois, ses violences, ses secrets. Elle n’est pas là pour l’homme, elle existe par et pour elle-même.

🎯 Le roman fait éprouver au lecteur la puissance du non-humain : espèces inconnues, civilisations englouties, tempêtes, abysses.

L’expérience de la nature devient une expérience d’humilité : le vivant dépasse l’homme, le dépasse même dans le temps et dans la mémoire.

🌀 5. Topologie intérieure : le Nautilus comme nature intériorisée

Expérience de la nature comme reflet d’un monde intérieur

Le Nautilus, enfermé sous la mer, devient un prolongement de la psyché humaine : une sorte de grottes mentale, où Nemo projette sa douleur, son silence, sa rage. C’est un monde clos dans l’infini, nature intérieure, nature psychisée.

🎯 Loin d’être extérieur à l’homme, la mer devient ici le miroir de son inconscient. Y vivre, c’est se perdre dans ses propres abîmes.

L’expérience de la nature devient une expérience de soi — non pas euphorique, mais abyssale.

 

 

I/ connaitre

On a des personnages techniciens et savants ; nemo est un savant il sait tout « de la composition del’eau de mer » I, XII, p.120

Ce qui permet la connaissance, c’est la sensation.

« pendant cette période du voyage, le capitaine Nemo fit d’itnéressantes expériences sur les diverses températures de la mer à des couches différentes » (I, XXIIII, p.232)

« nous sommes ici pour faire des expériences, faisons-les » (I, XXI, p.208)

C’est une expérience sensible ; l’expérience est avant tout sensible ;

« «j’ai vu et senti ! » (II, IX) ; placement de la sensation au principe de la connaissance.

II dominer

Un perécurseru de lécologie – idée que la nature peut être détruite sous l’action de l’homme, et qu’il faut donc chercher à la protéger « l’achernement barbare et inconsidéré des pêcheurs fera disparaître un jour la dernière baleine de l’Océan » (II, XII, p.392) ou encore « chasse inconsidérée » (II, XIV, p.419)

« Instinct destructif de l’homme « II, III, p.281

Il parle de propriété ; volonté d’appropriation de l’homme de la nature « Mes troupeaux, comme ceux du vieux pasteur de neptune, paissent sans craintes les immenses priaires de l’océan. J’ai là une vaste propriété que j’exploite moi-même et qui est toujours ensemencée par la main du Créateur de toutes choses) (I , X, p.106)

Catastrophe finale = lutte entre l’homme et la nature.

III admirer

(débat entre Ned Land et Aronnax ; comment nommer les plantes ;en fonction de leur utilité abstraite ou concrète ? / le pouvoir est-il dans la connaissance ou le remplissage du ventre ?)

« Quel spectacle ! comment le rendre ? »II, IX, p.354

Enumération des noms savants comme une sorte de poésie technique pour le lecteur.

Caractère infini de l’énumération et donc de la nature « des gades verdâtres, plusieurs variétés de gobies, etc., enfin quelques poissons de proposition plus vastes »(I,XVIII, p.178)

Une expérience initiatique ;

L’essentiel du voyage s’accomplit dans l’obscurité ; de nombreux épisodes ont lieu de nuit, d’autres sont troublés par des conditions métérologiques qui empêchent de voir

Nemo se présente comme un mort ; expérience inédite pour tous les humains

« et je suis mort, monsieur le professeur, aussi bien mort que ceux de vos amis qui reposent à six pieds sous terre ! »(I, IX, p.114)le nautilus es tune « arche sainte » (I , XXIII, p.230) l’accès au secret de la vie aquatique demande une mort symbolique ; une mort sociale.