CANGUILHEM ANALYSE COMPLETE LA CONNAISSANCE DE LA VIE

UNE CRITIQUE DU MÉCANISME  + DU FINALISME + DU VITALISME ET LA THEORIE DU NORMATIVISME BIOLOGIQUE

I/ le mécanisme (Descartes)

Le mécanisme est une théorie qui explique que le vivant est en réalité une machine. (théorie de descartes)

Le vivant fonctionne comme une machine. 

→ pas besoin d’âme pour les animaux, seuls les humains ont une âme

→ les corps sont régis par des lois, pourquoi pas les animaux ? (ex ; la gravité) à l’intérieur des animaux, il y a des lois qui les régissent. Ceci permet d’expliquer l’instinct ; l’instinct ça serait cette loi globale des animaux qui les poussent toujours à faire un comportement précis dicté par leur nature (ex ; reproduction). 

 

Problèmes : 

N°1 le mécanisme est un anthropomorphisme (= fait de projeter des caractéristiques humaines sur un objet non humain). (ex ; paréidolie)

 Anthropomorphisme n°1 : la machine

"Rien n'est plus humain [...] qu'une machine."

➡️ Une machine, en vérité, n’est pas un objet "neutre" :
Elle est conçue par l’homme, pour l’homme, selon ses propres logiques de production et d’efficacité.

Penser le vivant comme une machine, c’est calquer sur la nature nos créations artificielles, comme si le vivant fonctionnait selon nos plans, nos engrenages, nos logiques mécaniques.

N°2; le mécanisme n’explique pas bien le fonctionnement du vivant; 

Il dirait ceci :

👉 "Ne confondez pas le vivant avec une machine."

Dans une machine, une pièce = une fonction, et cette pièce a toujours la même fonction dans tous les systèmes. C’est le modèle mécaniste, cartésien.
Mais dans le vivant ? C’est plus souple, plus inventif, plus normatif.

Ce n’est pas le cas du vivant ; , des tissus très différents (muscle lisse et muscle strié) peuvent faire la même chose : se contracter.

 

 

II/ VITALISME

Dans le vivant, il y  un élan vital; (= âme); 

Le vivant est l’expression d’un élan vital (élan de vie, "élan vital"), une poussée originale qui traverse la matière, la dépasse, et invente sans cesse de nouvelles formes.

Ce n’est pas une force mécanique, ni une finalité divine, mais une tension créatrice, immanente à la vie, qui ne se répète jamais deux fois.

Là où la matière répète, la vie crée.

Exemple : Dans l’histoire de la vie, certaines lignées biologiques n’évoluent presque pas (coelacanthe), tandis que d’autres innovent radicalement (cerveau humain, langage, art, etc.).
👉 Il y a une poussée créative dans le vivant, qui échappe à toute prévision.

 

Problèmes : 

⚠️ I. Ce que Canguilhem rejette dans le vitalisme

1. ❌ Le vitalisme métaphysique, hérité de Stahl ou Bichat

Il refuse l'idée qu’il existerait dans le vivant une force vitale spécifique, irréductible, distincte des lois physico-chimiques.

Pour Canguilhem, cette force vitale est une fiction métaphysique — un résidu d’animisme. Elle ne permet pas d’expliquer, mais simplement de masquer notre ignorance (cf. critique de l’"âme vitale" chez Stahl ou du "principe vital" chez Barthez).

2. ❌ Le dualisme explicatif

Le vitalisme sépare trop nettement l’organique du mécanique. Il introduit une rupture radicale entre le vivant et l’inerte, ce que Canguilhem juge épistémologiquement stérile.

Il considère au contraire qu’il faut intégrer le vivant dans l’ordre naturel, sans pour autant le réduire au fonctionnement mécanique.

 

 

III / FINALISME - (aristote)

soutient que le vivant = un organisme qui répond à un but extérieur (survivre)

Dans les êtres vivants, les organes ont une organisation qui semble répondre à un but, une fonction (finalité interne).

Le cœur n’est pas simplement une pompe : il existe pour permettre la circulation du sang, donc pour maintenir la vie.

C’est parce qu’il y a un but (par ex. nourrir l’organisme) que certaines structures (bouche, tube digestif…) existent.

 

Problèmes : 

Les ailes chez les oiseaux incapables de voler (autruche, manchot)

Argument finaliste :

Les ailes sont faites pour voler.

Réfutation biologique :

De nombreuses espèces d’oiseaux ont des ailes non volantes :

  • Autruche : utilisées pour l’équilibre et les rituels sociaux.

  • Manchots : utilisées pour nager, adaptation secondaire.

🧬 ➤ Les fonctions évoluent, se transforment ou dégénèrent selon le contexte : ce n’est pas la fin qui détermine la forme, mais la sélection des variations utiles dans un environnement donné.

 

Thèse; 

Qu’est-ce que cela implique concrètement d’être un être normatif ?

Il est une activité, un pouvoir de poser des normes.

Un organisme vivant :

  • n’est pas passif dans son environnement
  • interprète ce qui est bon ou mauvais pour lui
  • modifie ses réponses selon les circonstances
  • peut inventer de nouveaux équilibres, même dans la maladie

Pour lui, le vivant est une expérience vécue, normative, toujours liée à son milieu.

Canguilhem insiste ici sur la variabilité radicale du vivant, à tous les niveaux :

-Structure

ex : Un foie humain n’a pas toujours la même forme, ni les mêmes connexions vasculaires.

-Fonction

ex: Une enzyme peut agir différemment chez deux individus selon leur génétique ou leur état physiologique.

-Comportement

ex : Même dans une même espèce animale, les réactions à un stimulus peuvent varier. 

 

V/ Le rôle de l'expérience en biologie 

La méthode expérimentales; en biologie elle doit s’adapter, car chaque vivant étudié n’est précisément pas un objet, et a donc des caractéristiques propres. 

P.31 “le biologiste doit inventer sa méthode expérimentale propre”; en effet ; en physique, on travaille avec de lamatière inorganique qui ses possède des propriétés similaires et équivalentes pour la matière étudiée. Ce n’est pas le cas du vivant : en effet le vivant est singulier. Par exemple, ce qui est vrai pour la grenouille rousse ne l’est déjà plus pour la grenouille et la grenouille verte

→ c rappelle en quoi le chercheur progresse “à tâtons” ; c rompt avec l’idée selon laquelle le protcoale expérimentale est une expérience maîtrisée. Une épxpérience scientifique est d’abord, notamment pour les pionniers, une véritable expérimentation du vivant. Elle est “peine de risque et périls” p.20 une expérience scientifique  c’était une expérimentation, et pas un exercice de maîtrise. 

Il faut se méfier pour Canghuikem de l’idée que la science serait vide de toute représentation imaginaire ou mythique. Même si le vocabulaire est technique, il n’est pas sans conotations.  Ex ; le passage du concept de cosmos pour parler de l’environnement l’être vivant, à milieu substitue un imaginaire à un autre. 

Le cosmos antique était un mythe d’ordre ;
Le milieu biologique, lui, est souvent un mythe d’adaptation, de lutte, de plasticité.

 

 

VI/ Le normal et le pathologique 

 

Normal et le pathologique

Normal = moyenne satifsitique

Pathologique = écart de la norme

Pour le vivant, le normal n’existe pas; il n’y a pas de moyenne statistique. 

S’opose à cela; 

Normal = il n’y a pas de normal

Il n’y a que de l’anomalité = l’être vivant qui ses propres lois pour lui-même. (=bonne santé)

(ex  ; diabète)

Pathologique = dès qu’un individu perd de sa capacité à créer / maîtriser ses propres lois

 

Canguilhem attaque l’idée que le “normal” serait une moyenne statistique (comme chez Auguste Comte ou les biologistes du XIXe siècle).

Le pathologique n’est pas un simple dérèglement mécanique — il est expérimenté par le sujet vivant comme une perte de puissance normative.